« Que veux-tu encore de moi, maison de mon enfance ?
Est-il encore besoin de pousser ta porte,
De déranger la chaleur de la chambre ?
Tu répands ta vie, paupières basses
Dans l’ombre de tes murs, au large des années,
Écoutant s’achever les dernières saisons,
Écoutant se fêler les arbres du verger.
Tu conserves toujours cette odeur d’herbe
Qui me suivait partout jusqu’aux bancs de l’école.
Et tu tournes le dos aux soleils qui se couchent
Et font place aux oiseaux qui défendent leur nid.
Comme toi, je me couvre d’appels.
Maintenant, les pigeons bleus de l’arc-en-ciel
Se posent sans message dans ta cour.
D’autres clés se prennent à sonner
Dans l’obscure poche d’un étranger,
D’autres mains s’agitent le soir
Autour d’une flamme qui peut-être se souvient,
D’autres enfants se déchirent aux épines du jardin.
Tu portes mal sur l’épaule
L’étoile venue à travers les grands tilleuls,
Tu portes mal le nuage égaré dans le vent,
Ta voilure lasse,
Ta cheminée où se dénouent
Des cheveux d’herbe et de chardon.
Que veux-tu de moi, maison de l’étranger ? »
Fernand Verhesen