« Le mot survient dans la lenteur féline
de ses muscles d’eau et de feu facile
Nous sommes attentifs comme si nous étions dans une barque
traversant un désert dépourvu de signaux
Nous vivons sous la basse corolle du vide
mais quelquefois nous rencontrons le bras d’une oasis
et l’horizon d’un seul instant devient tout le monde possible
Vivre c’est naviguer entre sens et non-sens
et gagner un sens dans le vent comme si nous étions son pouls
ou un pont de verdure oscillant entre deux collines
Mais être vivant c’est perdre ses propres pas
ou avancer vers ce que nous ne savons pas
ou ne savons que trop et voulons ignorer
Qui sait peut-être cheminons-nous vers le commencement
ou alors vers quelque possible indépassable…
Ou encore tout ce qui dans la page se redresse
serait-ce la naissance d’un espace une respiration ?
Nous savons que nous perdons mais nous ne savons pas quoi
et nous vivons dans la perte et peut-être de la perte
C’est en elle que la proue du poème avance
en inventant sa confiance audacieuse
en la saveur du vent qui nous dénude et nous remue. »
António Ramos Rosa