« Ainsi un mur tombe, et c’est peut-être un mur de mots ; il y a peut-être une façon de dire arbre, chemin, prairie, qui éloigne de nous l’arbre, le chemin, la prairie ; et peut-être une autre façon de les nommer qui, au contraire, abat le mur de la distance, supprime la séparation, ou du moins la change en une autre espèce de séparation. N’est-ce pas là le travail même que le poète effectue sur les mots ? D’opaques qu’ils lui furent donnés, il s’acharne à leur rendre la transparence, à nous rendre le bonheur. Ainsi, une fois de plus, je suis enclin à réunir, à confondre beau, bon et vrai. »
Philippe Jaccottet