« C’est une fille d’adrets de collines. Une boumiane de chemins plus légère que chèvre sur escarpes et cailloux. Une pas jeune pas encore vieille, l’ourlet défait aux broussailles et autres traverses. C’est une renarde d’herbe profonde, l’adventive racine penchée sur le haut du mur pour y surprendre l’ange. C’est une, inapprivoisable, dans les rues de petites saisons. Qui brûle son ombre à midi. Qui de longue marche neige et fleurit dans le même élan. C’est une île au portant des mers. Une vigne au tournant des terres. Une brindille de grand vent. Une étincelle de verre sur la paille des jours.
Parfois elle m’attend, j’aperçois sa dentelle, la rivière de ses yeux. Je tends mes mots. Déjà, elle s’éloigne. Jamais ne m’abandonne. C’est celle intransitive nourrie au devenir. Celle d’inconvenances aux terribles rigueurs. Celle d’incroyances aux totales ferveurs. Qui ne sait pas marcher sur l’eau mais qui voudrait. Celle de fatigues de route qui poussière le soleil, buissonne le buisson. C’est un éclat de vie qui indique l’étoile. Un brûlot d’aubépines. »
Ile Eniger