Pour toucher au mot

« Ils avancent si vite, et je suis si lente. Et je suis si solitaire dans l’exigence et le silence, avec pour seule référence, la nécessité du jardin à travailler. Je suffoque dans le charroi des courses où chacun dit la sienne, ou tous jouent des coudes pour la première place. Je suis dans l’interrogation quand ils sont aux certitudes, aux médias, aux médailles. Je suis dans l’expectative quand ils sont dans l’évidence d’eux-mêmes… Et je freine si fort pour sentir l’herbe à mes chevilles, la rivière sous ma peau qui bat son mouvement d’horloge bienfaisante. Et je prends tant de temps pour toucher au mot comme on touche au sacré. Quelque chose de plus grand que grand me fait sentir mes pas dans le sable et mes mains sur la page. Et je n’ai-je rien d’autre à dire que cette joie élémentaire, un trait de lumière tremblée sur l’eau claire. »

Ile Eniger

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