« La poésie ne sert pas comme une montre à dire l’heure : elle dit toutes les heures à la fois…
Elle se tient à la fenêtre quand chacun dort, à la porte quand le dernier habitant est parti, au grenier quand l’enfant est monté en haussant les épaules, sur le pont du bateau quand les rats se rassemblent pour le grand saut, sur la cime de l’arbre quand le bûcheron frotte ses doigts engourdis, dans un regard qui frise l’indécence, dans la noire faim, sur les cailloux blancs d’une source tarie, au beau milieu d’un incendie dont on ne verra jamais la menace…
Elle vous tient en haleine, en alerte au seuil de cette demeure où l’inquiétude anime ses ombres, où la solitude frappe de son poing rageur la porte démesurée, où ce qui fait notre joie a nos traits et notre destin. »
Jean Cayrol