« On entre grâce au poème dans une temporalité autre, j’allais dire traversée d’un soupçon d’éternité. Et pourtant l’écriture advient, chaque jour, comme si l’on n’était jamais sorti du commencement : le poète est aux mots, les laissant s’amonceler peu à peu jusqu’au seuil de vigilance critique, à travers des sinuosités, des échappées, des orientations parfois imprévues qui surgissent et viennent à s’imposer. Le temps du poète n’est pas celui du poème : car pour le poète, l’acte d’écriture se déploie dans un temps très resserré, où vocables et idées menacent toujours de se perdre. Le poète happe l’instant dans l’instant où la présence à soi semble suspendue, en quête d’une lumière intérieure qui éclipse alors la nuit subconsciente. En somme, le poète tente de capter une flamme sur le point de s’éteindre. »
Daniel Martinez (en entretien avec Pierre Kobel)