Un tissu

« Je n’éprouve aucune fatigue. La légèreté de ma démarche me ravit. J’ai peine à croire que je suis resté si longtemps enclaustré dans ma chambre. Je sens, comme je ne me souviens pas de l’avoir jamais sentie, la densité sensuelle des choses. Je me glisse parmi les parfums de la nuit comme dans un espace encombré de choses insolites et disparates et qui traînent à longueur de campagne. Les arbres en fleurs s’enveloppent dans leur écharpe d’odeurs, toutes franges rayonnant alentour. Le monde est un tissu de pistes olfactives qui s’entrecroisent. Je m’y oriente comme un étranger dans une ville nouvelle. Je m’attache à l’exhalaison des chèvrefeuilles comme on se fixe à l’axe d’une métropole – à la senteur des acacias, à celle de la belladonne. Je sais qu’à les suivre je vais vers toujours plus de douceur et d’humidité. Mon désir a goût d’eau verte. »

Claude Louis-Combet

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