« L’hier, le plein hiver qui se prolonge
Dès que nous fermions les paupières, sans crainte
chaque soir, sans demander où, nous partions en voyage,
nous étions sûrs de ne pas être seuls
Au retour, ces fleurs, ces hautes vagues frémissantes,
là-bas les vitres grises, le gel avait saisi notre buée
Nous poursuivions l’œuvre nocturne
en évitant d’abord de les toucher, en approchant la bouche,
en laissant ruisseler le givre, la lumière apparaître
Nous dessinions alors d’un doigt timide,
peu à peu enhardi, un arbre ou un oiseau,
nous lui donnions dans le jardin le profil d’un navire. »
Pierre Dhainaut