« Le pain retourne à sa farine jusqu’au germe du blé. L’odeur d’une fleur reconstitue la terre. (…) Le temps rêve de feu dans une boite d’allumettes. (…) Un arbre que ratissent tant de becs d’oiseau se rapproche du ciel. (…) Au bout de l’escalier, il y a toujours une marche, celle qu’on ne voit pas, qu’on imagine à peine, qu’on dessine du pied. Je me perds d’un étage à l’autre dans la maison du temps. Le bois chuchote sous la poussière des meubles. Chaque nouvelle phrase est une fissure dans l’émail des éviers. (…) La manche d’un manteau vide laisse passer le vent. C’est comme l’air qui palpite dans les trous d’une flûte. (…) Dans mon petit carnet, il y a à chaque page une velléité d’écrire. Le pouce entre deux pages ouvre une porte sur l’ailleurs. D’un lieu sans arbre, sans brindille, sans ortie, les mots recomposent une forêt traversée de ruisseaux. »
Jean-Marc La Frenière