Le cerisier

« Il écrivait

Dans la cerisaie d’écriture

D’abord trouva une vieille échelle en bois

Couchée piteusement

Parmi les ronces

Mangée aux vers

Il écrivait

Et du texte

Redressa l’échelle

L’appuya contre l’arbre

Dont il voulait deviner

Haut dans le fouillis obscur

Les éclats rouge sang

Mais il n’était pas sûr

Du texte il grimpa

Les barreaux craquaient

Sous son pas mal assuré

Sous ses yeux de peur

Sous sa parole blanche

Les mots semblaient devoir céder à tout moment

Il n’en était pas le maître

Invité en leur jeu imprudent

Cette matière fragile

Incertaine

Cependant le portait

Il arriva ainsi au sommet de la vieille échelle

Dans la tête de l’arbre et sa chevelure infinie

Là sous ce que la poitrine du monde n’avait jusqu’alors laissé voir

Là était le cœur battant d’un autre monde

Il s’en étonna

Des mains vertes de soleil et des chuchotements d’ombre

Caressaient son visage

Le rouge exhalait

Parfum sous la paupière

Guéri de tout vertige

Comme s’il était venu dans la maison d’enfance

Il put alors pour la première fois goûter

Les cerises de sa vie. »

Cédric Migard

 

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