« Il était parvenu au lieu d’herbe. Ou plutôt au rocher de l’enfance, là où lui avait poussé la colonne d’air. Là où l’impulsion première, il s’en souvenait, lui avait rendu la liberté. Depuis, l’errance avait été sa loi, ou plutôt comme une nécessité selon laquelle son œil s’attachait à chaque fois à ce qui précédait sa vision. Il était devenu l’aigle de son enfance… Son vol dominait, d’une beauté, d’une majesté sans pareilles, l’espace ouvert d’un désert au-dessous. Le vent sifflait et soufflait sous ses ailes. Il changeait d’altitude selon sa puissance, sa chaleur, le bruit tumultueux ou doux qui le menait toujours plus loin… Il connaissait maintenant l’ordre des particules, la poussière sous le soleil, le mouvement elliptique de la mémoire et l’incroyable fleuve du temps. »
Régis Lefort