« Moi je choisis celui qui va et vient dans son échafaudage.
Il me plaît bien cet acrobate.
Il sait qu’à midi
Au sommet du chantier
L’être sa fille
Il s’expose à l’éblouissement, à la foudre.
Il sait que jour après jour
Le chantier révèle ses étages, ses terrasses, ses recoins.
Il apprend à se tenir là
Dans l’obstacle
A le ravitailler
A manier la pierre, le bois, la tuile.
Toujours en équilibre
Il progresse dans son vertige
Mais ne tombe pas.
Il avance par étapes
Creusant chaque arrêt
Comme on creuse une terre.
Je le vois
Là-haut
Où toute chose est contrariante
Manœuvrant sa brouette
Sur un chemin de planches
Et découvrant
A travers ce qu’il fait
Que tout converge et s’allège
Dans l’ici d’un homme.
Il a les gestes du sourcier maintenant
Et le soir
Après les enchaînements de lutte
Il redescend.
Une aile le ramène vers nous
L’homme sans clefs
Oui, Jonas
L’homme sans clefs. »
Thierry Metz