« Une des joies éphémères de l’été, c’est de traverser une rivière en sautant sur des pierres. On écarte les bras comme s’ils étaient des ailes. On peut glisser, se mouiller un peu, beaucoup. On a dix ans, quinze ans. On ne sait pas alors qu’on est en train de traverser la chambre en feu de la vie, celle dont la fenêtre donne sur l’éternel. On ne sait pas non plus qu’il est aussi indifférent de perdre que de gagner. Il faudra encore des années pour comprendre que les années ne sont rien et qu’il n’y a ni vrai ni faux, juste la vie-rivière et nos bonds maladroits d’une parole à l’autre. »
Christian Bobin