« Mains nues, je gravis la muraille des mots. (…) Le ciel secoue ses édredons. Il neige léger et silencieux comme pattes de chat. (…) Quelque chose en moi cherche encore quelque sens. Le réconfort d’une harmonie. La justesse d’un état. Je ne trouve qu’un souffle coincé entre les pierres. Une plume arrachée à l’ange. Il reste peu des confiances, un bâton pour le pas, un cahier fermé, quelques mots de ma mère, la droiture d’un grand-père. Des trésors de pauvre chemin. Des choses de petite croyance. Des gestes invisibles. Lanternes minuscules. Le froid menace. Solitaire plus que jamais, fétu d’étincelle maigre, j’écris d’inutile lassitude, de repères gaspillés. La joie enfouie sait, mais ne projette plus. Au sursaut de l’hiver, combien d’oiseaux sont morts sans voir l’accomplissement de la fleur d’amandier ? »
Ile Eniger