« La lumière coule
de la nuit sur mon bureau
j’attends mes visiteurs sur papier
mes quatre enfants
dorsales et caudales les tiennent en bel équilibre
les petites nageoires près du cou vibrent sans cesse
les yeux si doux
dans la mare d’eau saumâtre
maman pétrit l’argile des métaphores
approchez de derrière les dictionnaires et les pages vides
comme j’aime cette petite classe fragile
cette flottille mes quatre poissons approchent
de quoi vous nourrirai-je ?
enfant chéri flanc étroit
laisse-moi te glisser vers le lit de la mer
jusqu’à l’étirement oui comme ça
cela tire un peu mais maman te tient
maman est là…
imperceptibles vous êtes couchés entre sable et rocher
partie du sol
et jamais plus ni pillards ni fuyards
je presse ma bouche contre chaque visage chiffonné…
vous survivrez à la marée. »
Antjie Krog